Sunday, 9 May 2010

La Danse


Je voulais partager avec vous ce matin une image onirique: celle d'un apiculteur amateur, engoncé dans une combinaison à mi chemin entre la Burka et le costume d'astronaute, penché sur sa ruche, récoltant son miel à gestes lents et precis…..Où? Dans une haute prairie de la Savoie? Bien sûr que non! Sur le toit du Palais Garnier (l'opéra de Paris).

C'est sans aucun doute l'image la plus frappante et décalée que je retiendrai du dernier documentaire de l'américain Frederik Wiseman, La Danse, consacré aux coulisses de l'opéra de Paris. Dans ce  film de près de trois heures, le cinéaste nous  livre  un aperçu inédit de la vie de cette institution et des hommes et femmes qui s'y affairent rythmiquement comme des abeilles à une ruche. 

Sa caméra erre en toute liberté des justaucorps humides et bigarrés des ballerines aux doigts de fées des costumières en passant par le coin de toit ou s'agglutinent des centaines d' abeilles urbaines. Il n'y a ni voix off, ni mise en scène, mais un fil directeur cependant: la main de fer, gantée de velours et excentriquement baguée, de la charismatique directrice artistique, grande reine qui force clairement le respect de sa colonie.

Wiseman filme tout: la cantine et les mets peu ragoutants qu'elle propose, les sous-sols labyrinthiques, les repas de gala, mais ce sont les répétitions qui ont la part belle, révélant la danse comme ouvrage, le ballet comme couvain tissé d'arabesques répétés à l'infini par des ouvrières aux pieds meurtris.

Les répétitions cèdent la place, dans la seconde moitié du film, aux représentations, et là Wiseman s'attarde surtout sur des ballets modernes aux chorégraphies décalées, parfois violentes, très éloignées du classicisme qu'on associe souvent, de toute évidence à tort, à la compagnie. 

Un film tout en nuances, à savourer, qui donne envie de délaisser Casse Noisette pour les déhanchements plus inquiétants de Pina Bausch.

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