Depuis que je ne vis plus à Paris, dénicher de nouvelles adresses ou bien manger dans la capitale sans casser ma tirelire est devenu problématique. Je fais de mon mieux pour me tenir au fait -- un effort qui se résume, en gros, à l'achat du Elle de la semaine écoulée chez mon marchand de journaux londonien à un prix exorbitant--mais rien n'y fait, j'ai toujours l'impression d'avoir un train de retard.
Comme en plus je séjourne rarement dans ma ville natale, chaque repas m'y est compté, et prend donc, à mes yeux, une importance démesurée. Un déjeuner de raté et j'ai le moral en berne. S'il est suivi d'un diner insipide, c'est la Berezina.
Récemment ma soeur et moi cherchions justement un endroit agréable, pas trop cher et proposant une cuisine fraiche et inventive ou diner pour célébrer l'anniversaire de notre mère. Heureuse de pouvoir contribuer, de loin, à cette mission quasi impossible, je dégaine de ma botte secrète un article paru récemment dans le New York Times intitulé, 'là ou les chefs montent, mais pas les prix,' ici. Chez moi, c'est exactement le genre de titre qui déclenche un accès de jalousie parce que 1. Je ne m'empiffre pas dans de super restos aux frais du NYT 2. Ces perles rares, ces petits bijoux de restaurants me sont inaccessibles environ 361 jours par an. Donc là je me dis, mes bichons, on ne va pas se louper.
Apres un épluchage dans les règles des moindres sous entendus de l'article ainsi que des sites et menus des restaurants proposés, on décide, quasi à l'unanimité, d'essayer Chez Cecile, rue Vignon.
J'aimerais vraiment pouvoir vous dire que ce fut exquis et vous recommander chaudement cet endroit. Malheureusement, je ne peux pas. Les prix sont très raisonnables: entrée, plat, dessert pour €35 dans une salle moderne et agréable à deux pas de la Madeleine. Mais le service fut peu attentif et les sourires rares. La cuisine? Pas mal, mais juste pas mal.
En entrée un gâteau de boulgour aux champignons déçut par son manque de personnalité et sa texture trop uniforme. Meme constat pour les légumes farcis à la Provencale. Mais le gros raté, à mes yeux, fut sans aucun doute le dessert: un sablé, sa compote à la rhubarbe et ses fraises, le tout présenté sous forme de tarte. Le sablé, trop mince, s'était imbibé de la compote et avait perdu tout son croquant. Le mariage des fraises et de la rhubarbe - une combinaison souvent gagnante-- indigne d'un seul confetti. Au final un dessert auquel j'aurais préfère une simple crêpe au sucre achetée au coin de la rue. Inadmissible pour un restaurant aux prétentions gastronomiques. Petit rappel: il vaut mieux un crumble ou une tarte aux pommes parfaitement maitrisés qu'un dessert sous prétexte de rechercher une présentation originale en oublie d'être bon.
Alors que seul le tiers du restaurant était plein, on ne peut attribuer ces faiblesses à l'affolement en cuisine. Dommage.
Vous voulez essayer l'un des autres? Peut-être serez-vous plus chanceux chez l'Agrume, 15, rue des Fossés St.-Marcel, ou Frenchie, 5 rue du Nil.